• Mon Oncle d'Amérique" d'Alain RESNAIS Un classique (1980)

    qui illustre les 4 comportements fondamentaux de l'être humain - animal social –

    Le professeur Henri Laborit intervient au cours de trois récits entremêlés pour expliquer ce que nous savons aujourd’hui du comportement humain. Henri Laborit (1914-1995), biologiste réputé pour ses études sur le cerveau et le stress, explique que l’homme satisfait des besoins de consommation et gratification et que face à une situation de tension, il réagit par la fuite, le combat ou l’inhibition.

    La raison d’être c’est « d’être », c’est se maintenir en vie, sans cela il n’y aurait pas « d’être ».

    Les animaux, dont l’homme fait partie, ne peuvent se maintenir envie qu’en consommant cette énergie solaire qui a déjà été transformée par les plantes, et ça, ça exige de se déplacer.

    Ils sont forcés d’agir à l’intérieur d’un espace. Pour se déplacer à l’intérieur d’un espace, il faut un système nerveux qui va permettre d’agir sur l’environnement et dans l’environnement pour assurer la survie.

    Si l’action est efficace, il va en résulter une sensation de plaisir.

    Ainsi une pulsion pousse les êtres vivants à maintenir leur équilibre biologique, leur structure vivante, à se maintenir en vie.

    Cette pulsion va s’exprimer dans 4 comportements de base :

    1.       Un comportement de consommation : boire – manger – copuler

    2.       Un comportement de fuite

    3.       Un comportement de lutte

    4.       Un comportement d’inhibition

    Le cerveau ne sert pas à penser, mais sert à agir

    L’évolution des espèces est conservatrice et dans le cerveau, il y a des formes très primitives

    3 cerveaux

    Le cerveau reptilien

    Qui déclenche les réactions de survie immédiate, sans l’animal ne pourrait survivre (boire et manger pour survivre, copuler pour se reproduire).

    Dès qu’on arrive aux mammifères un second cerveau s’ajoute au premier

    Le cerveau limbique

    Cerveau de l’affectivité, de la mémoire. Sans la mémoire, ce qui est agréable ou désagréable, on ne pourrait pas être heureux, triste, angoissé ; on ne pourrait pas être en colère ou amoureux.

    On peut presque dire qu’un être vivant est une mémoire qui agit

    Un troisième cerveau s’ajoute au deux premiers :

    Le cortex cérébral

    Chez l’homme, il a eu un développement considérable, on l’appelle cortex associatif, ça veut dire qu’il associe les voies nerveuses sous-jacentes, dont on a gardé la trace des expériences passées. Il va pouvoir créer, réaliser un processus imaginaire.

    Dans le cerveau de l’homme, ces cerveaux superposés existent toujours

    Nos pulsions sont toujours celles du cerveau reptilien

    Ces 3 étages de cerveaux doivent fonctionner ensemble en étant reliés par des faisceaux :

    -          Le faisceau de la récompense

    -          Le faisceau de la punition à fuite / lutte

    è Inhibition de l’action

    Dans les 3 premières années de la vie, le cerveau est immature, l’expérience qu’il aura du milieu qui l’entoure sera indélébile et sera constitutive de son comportement tout au long de son existence.

    Les stimulus qui pénètrent dans notre système nerveux depuis la naissance, et peut-être avant in utéro, nous viennent essentiellement des autres.

    Les deux premiers cerveaux fonctionnent de manière inconsciente : nous ne savons pas ce qu’ils nous font faire : pulsions, automatismes culturels

    Le troisième cerveau nous fournit un langage explicatif qui donne une excuse, un alibi au fonctionnement des deux premiers.

    On peut distinguer 4 types principaux de comportements :

    1.     Le comportement de consommation : qui assouvit les besoins fondamentaux

    2.     Le comportement de gratification : quand on a l’expérience d’une action qui aboutit au plaisir, on essaye de la renouveler.

    3.     Le comportement qui répond à la punition : soit par la fuite qu’il évite, soit par la lutte qui détruit le sujet de l’agression

    4.     Le comportement d’inhibition : on ne bouge plus, on attend en tension et cela débouche sur l’angoisse. L’angoisse c’est l’impossibilité de dominer une situation.

    1ère expérience du rat

    Placé dans une boîte à deux compartiments séparés par une porte : pendant 7 jours consécutifs il est soumis à une alarme qui précède une décharge électrique dans le premier compartiment. Comme il a la possibilité de fuir dans le 2ème compartiment, il a évité la punition et a maintenu son équilibre biologique, il est donc en bonne santé.

    Ce qui est facile pour un rat en cage est beaucoup plus difficile pour un homme en société, en particulier parce que certains besoins ont été créés par cette vie en société, depuis son enfance, et il est rare, pour qu’il puisse assouvir ses besoins, d’aboutir à la lutte lorsque la fuite n’est pas efficace.

    Quand 2 individus ont des projets différents, ou le même projet, et qu’ils entrent en compétition pour la réalisation de ce projet, il y a un gagnant et un perdant. Il y a établissement d’une dominance d’un individu sur l’autre

    La recherche de la dominance dans un espace que l’on peut appeler « le territoire » est la base fondamentale de tous les comportements humains, et ceci, en pleine inconscience des motivations.

    Il n’y a donc pas d’instinct de propriété, il n’y a donc pas non plus d’instinct de dominance, il y a simplement l’apprentissage, par le système nerveux d’un individu, de conserver pour lui, à sa disposition, un objet ou un être qui est aussi désiré, envié, par un autre être.

    Et il sait par apprentissage, que dans cette compétition, s’il veut garder l’objet ou l’être à sa disposition, il devra dominer.

    Grâce au langage, les hommes ont pu transmettre toute l’expérience qui s’est faite au cours des millénaires du monde.

    L’homme ne peut pas assurer à lui seul sa survie, il a besoin des autres pour vivre il ne sait pas tout faire.

    Dès le plus jeune âge, la survie du groupe est liée à l’apprentissage, chez le petit de l’homme, de ce qui est nécessaire pour vivre heureux en société. On lui apprend comment il doit se comporter pour que la cohésion du groupe puisse exister.

    On lui apprend ce qui est beau, ce qui est bien, ce qui est mal, ce qui est laid. On lui dit qu’il doit faire et on le punit ou on le récompense quelle que soit sa propre recherche du plaisir.

    On punit l’enfant ou on le récompense suivant que son action est conforme à la survie du groupe.

    Le fonctionnement de notre système nerveux commence à peine à être compris

    Nos pulsions et nos automatismes culturels vont être masqués par un discours logique

    Le langage ne contribue qu’à cacher la cause des dominances, les mécanismes et les établissements de ces dominances

    Il sert à faire croire à l’individu qu’en œuvrant pour l’ensemble social, il réalise son propre plaisir, alors qu’il ne fait en général que maintenir des situations hiérarchiques qui se cachent sous des alibis langagiers (des alibis fournis par le langage et qui servent d’excuse).

    2ème expérience du rat

    Dans cette deuxième expérience, la porte de communication entre les 2 compartiments de la boîte est fermée :

    Le rat ne peut pas fuir. Il va donc être soumis à la punition à laquelle il ne peut pas échapper.

    Cette punition va provoquer chez lui un comportement d’inhibition.

    Il apprend que toute action est inefficace, qu’il ne peut pas fuir, ni lutter, et s’inhibe.

    Cette inhibition, qui s’accompagne de l’angoisse, s’accompagne aussi dans son organisme de perturbations biologiques extrêmement profondes.

    Si bien que si des microbes se trouvent à proximité, alors que normalement il aurait pu les faire disparaitre, là ne pouvant pas, il fera une infection. S’il a une cellule cancéreuse qu’il aurait détruite, il va faire une évolution cancéreuse.

    Ces troubles biologiques aboutissent ce qu’on appelle les « maladies de civilisation », psychosomatiques (ulcères de l’estomac, hypertension artérielle, insomnie, fatigues, mal-être, …)

    3ème expérience du rat

    Dans la 3ème situation, le rat ne peut pas fuir, il va donc recevoir toutes les punitions, mais il sera face à un autre rat qui lui servira d’adversaire, et dans ce cas il va lutter.

    Cette lutte contre l’autre rat est inefficace car elle ne lui permet pas d’éviter la punition, mais il agit.

    Un système nerveux ça ne sert qu’à agir

    Ce rat ne fera aucun accident pathologique de ceux rencontrés précédemment, et il sera en très bon état, et pourtant il aura subi toutes les punitions.

    Chez l’homme, les lois sociales interdisent généralement cette violence défensive

    L’ouvrier qui voit tous les jours son chef de chantier dont la tête ne lui revient pas, ne peut pas lui casser la figure, il ne peut pas fuir car il serait au chômage, et tous les jours il est dans l’inhibition de l’action.

    L’homme a plusieurs façons de lutter contre cette inhibition :

    L’agressivité : l’agressivité n’est jamais gratuite, elle est toujours en réponse à une inhibition de l’action

    Elle débouche sur une explosion agressive, qui est rarement rentable, mais qui sur le plan du fonctionnement du système nerveux est parfaitement explicable.

    Cette situation d’inhibition de l’action dans laquelle peut se trouver un individu, si elle se prolonge, commande à toutes les pathologies.

    Les perturbations biologiques qui l’accompagnent vont déchaîner aussi bien l’apparition de maladies infectieuses que tous les comportements de ce qu’on appelle les maladies mentales.

    Quand l’agressivité ne peut pas ou plus s’exprimer chez les autres, ou sur les autres, elle peut encore s’exprimer contre soi-même de 2 façons :

    1.     La somatisation : l’agressivité est dirigée contre soi (ulcère, hypertension, lésions, urticaire, asthme, …)

    2.     L’agressivité contre soi d’une manière encore plus efficace : le suicide

    Réplique de Nicole Garcia :

    « On passe sa vie à attendre le bonheur, comme un héritage, l’héritage d’un oncle d’Amérique »

    L’inconscient constitue un instrument redoutable

    Non pas tellement par son contenu refoulé, refoulé par ce que trop douloureux à exprimer car il serait puni par la socioculture, mais par tout ce qui est, au contraire, autorisé et quelquefois même récompensé par cette socioculture, et qui a été placé dans son cerveau depuis sa naissance, dont il n’a pas conscience que c’est là et dont pourtant c’est ce qui guide ses actes.

    C’est cet inconscient-là, qui n’est pas l’inconscient freudien, qui est le plus dangereux.

    En effet, ce que l’on appelle la personnalité d’un individu se bâtit sur un bric-à-brac de jugements de valeurs, de préjugés, de lieux communs, qui au fur et à mesure qu’il avant en âge deviennent de plus en plus rigides et qui sont de moins en moins remis en question. Et quand une seule pierre de cet édifice est enlevée, tout l’édifice s’écroule : il découvre l’angoisse, et cette angoisse ne reculera ni devant le meurtre, ni devant le génocide ou la guerre, pour s’exprimer

    On commence à comprendre par quels mécanismes, pourquoi et comment, à travers l’histoire et dans le présent, se sont établies des échelles hiérarchiques de dominance.

    Pour aller sur la lune on a besoin de connaître les lois de la gravitation, et quand on connaît ses lois de gravitation, ça ne veut pas dire qu’on s’en libère, ça veut dire qu’on les utilise pour faire autre chose.

    Tant que les hommes ne seront pas informés sur la façon dont fonctionne leur cerveau, et sur le fait que celui-ci et toujours utilisé pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quelque chose qui change.

    (Le néocortex devrait nous permettre de comprendre que les deux premiers cerveaux n'instaurent que des comportements de domination entre les hommes. Or l'homme n'est fait que de son contact avec les autres hommes. Ne pas être conscient qu'il faut au moins canaliser les instincts de domination (puisque nous ne pouvons les éliminer) ne peut conduire qu'au malheur individuel et collectif. Ainsi, selon Laborit qui conclut le film, connaître ces mécanismes ne permettrait certes pas de les éliminer, mais au moins de les utiliser pour faire autre chose, de même que l'étude patiente des lois du mouvement n'a nullement supprimé la gravité, mais nous a permis néanmoins d'aller sur la Lune !)


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