• –   En psychanalyse, une défense est un acte par lequel le sujet, confronté à une représentation insupportable, la refoule faute de se sentir les moyens de la lier par un travail de pensée aux autres pensées.

    –   Elle opère au moins partiellement de façon inconsciente afin de rendre inaccessible à l’expérience consciente un des éléments du conflit, voire la totalité du conflit. (Laplanche et Pontalis)

    –    L’étude des mécanismes de défense a permis une meilleure compréhension du fonctionnement psychique tant normal que pathologique.

    –   La défense porte de façon générale sur des représentations auxquelles la pulsion est liée, comme les souvenirs ou les fantasmes, et sur des situations capables de déclencher des pulsions déplaisantes pour le Moi ou sur des affects déplaisants.

    La personne met en place quelque chose pour se protéger (ex. un médecin qui annonce la mort d’un patient d’une manière très opératoire, très froide, avec distance …)

    –   Une défense peut avoir une dimension adaptative

    Tentative de s’adapter. La défense permet de maintenir un équilibre, c’est un aménagement précaire mais qui permet de continuer d’agir.

    –     Elles prennent une forme pathologique et excessive quand elles sont inefficaces, trop rigides, mal adaptées aux réalités internes ou externes, ou exclusivement du même type. Le fonctionnement mental est alors entravé dans sa souplesse, son harmonie et son adaptation. Capacité à s’adapter = signe de vie = effet positif de la parole dans un cadre adapté 

    Projection

    C’est l’opération par laquelle le sujet expulse dans le monde extérieur des pensées, des affects, des désirs qu’il méconnaît ou refuse en lui, et qu’il attribue à d’autres personnes ou choses de son environnement.

    Refoulement

    C’est le rejet dans l’inconscient de représentations conflictuelles qui demeurent actives tout en étant inaccessibles à la prise de conscience.

    Toute défense est coûteuse, c’est difficile de venir mettre une souplesse dans une défense, le risque c’est de s’épuiser

     Répression

    C’est l’opération psychique qui tend à faire disparaître de la conscience un contenu déplaisant ou inopportun. Ce serait une opération consciente qui placerait le contenu dans le préconscient, l'affect qui y est joint serait inhibé. Seul resterait dans la conscience un sentiment possible de culpabilité. En psychopathologie du travail, la répression est décrite chez les sujets soumis à une organisation de travail répétitive et à une cadence telle qu’ils n’ont plus conscience ni du processus dont ils sont victimes ni de l’origine de ce processus.

    Altruisme.

    Il s’agit du dévouement à autrui. Il permet au sujet d’échapper à un conflit. Il est socialement reconnu. Le risque est de créer une relation de dépendance avec la personne à laquelle on se dévoue.

    Quand il est systématique, il convient de s’interroger : ça vient enfermer la personne à qui on se dévoue

    Complaisance (ou compliance).

    Il y a une part agissante de l’environnement et une part qui vient du sujet, avec une incapacité à poser des limites. Lorsque c’est omniprésent, ça doit nous interroger

    C’est l’utilisation de la soumission passive pour éviter les conflits. Ce mécanisme assimilable à l’inhibition de l’action plus qu’à la fuite devant l’agression est très coûteux, l’agressivité masquée se retournant souvent contre le sujet lui-même. Ce mécanisme est très souvent pathologique.

    Accepter un nombre de choses incroyables, manque de respect, la personne ne voyait pas le problème, mettait de côté (servitude volontaire) entretenue par la personne elle-même. La souffrance n’est pas verbalisée mais intériorisée

    Réparation.

    On vient réparer les rendez-vous manqués (Dejours)

    C’est le mécanisme qui vise à restaurer un objet aimé endommagé par les fantasmes destructeurs du sujet. Exemple : en pathologie, la réparation survient pendant la position dépressive en réaction aux angoisses et à la culpabilité dépressives.

    Anticipation.

    Se préparer, se protéger d’un danger d’une anxiété.

    Si quel que soit l’enjeu, la personne a recours à l’anticipation : c’est signe d’insécurité

    L’anticipation consiste, lors d’une situation conflictuelle, à imaginer l’avenir en expérimentant ses propres réactions émotionnelles, en prévoyant les conséquences de ce qui pourrait arriver, en envisageant les différentes réponses ou solutions possibles. C’est le prototype des mécanismes adaptatifs. L’aspect pathologique de l’anticipation est présent lorsqu’une personne est incapable d’affronter une situation sans l’avoir anticipée.

    Activisme

    Permet d’éviter de se confronter à ses représentations. Mécanisme pour éviter de penser. L’effet produit est l’hyperactivité

    C’est la gestion des conflits psychiques ou des situations traumatiques externes par le recours à l’action à la place de la réflexion ou du vécu des affects : Il correspond à une activité psychomotrice intense comme décrit en annexe dans un service de soins. L’activisme peut être une réponse ponctuelle par exemple à un deuil, et constitue alors un mécanisme adaptatif.  

    Humour.

    Libère une forme de tension en situation difficile

    L’humour consiste à présenter une situation vécue comme traumatisante de manière à en dégager les aspects plaisants, ironiques et insolites.

    Contrôle

    Vérification exagérée pour les limiter les risques

    C’est la tentative de gérer ou de diriger de manière exagérée les événements et les objets de l’environnement afin de minimiser l’anxiété et de résoudre les conflits internes. Différentes stratégies peuvent être utilisées, comme, par exemple, l’intervention avec des suggestions, le sabotage, la séduction, la complaisance excessive…ce peut être un moyen de se rendre indispensable dans un groupe et donc de le contrôler. 

    Le sabotage peut être utilisé pour garder le pouvoir face à quelqu’un de nouveau ou qui peut mettre en péril son travail. Destiné à contrôler le travail de l’autre, avoir la main sur le travail de l’autre

    Intellectualisation

    Mettre à distance les effets produits par une situation

    C’est le recours à l’abstraction et à la généralisation face à une situation conflictuelle qui angoisserait trop le sujet s’il reconnaissait y être personnellement impliqué.

    Se donner de la hauteur c’est restaurer une estime de soi, ne pas mettre de soi (le voile est compliqué à lever)

    Rationalisation

    C’est la justification logique mais artificielle d’un acte qui camoufle, à l’insu de celui qui l’utilise, les vrais motifs inconscients de certains de ses jugements, de ses conduites, de ses sentiments, car ces vrais motifs ne sauraient être reconnus sans souffrance. Par exemple, la rationalisation du cynisme viril dans le cadre de la souffrance éthique

    Dénégation.

    C’est le refus de reconnaître comme sien immédiatement après les avoir formulés, une pensée, un désir, un sentiment qui sont source de conflits.

    Déni.

    C’est l’action de refuser la réalité d’une perception vécue comme dangereuse ou douloureuse pour le Moi. Exemple : la phase initiale de deuil.

    En psychodynamique, c’est le mécanisme de défense typique des hommes.

    Clivage

    Le clivage est le résultat d’une pensée dichotomique : tout est blanc ou tout est noir, tout est bon ou tout est mauvais (distorsion). C’est un mode de pensée primaire, évoluant vers un mode de pensée intégrée de l’enfance (trois mois) à l’âge adulte. C’est un mode de pensée excessif (pensée émotionnelle).

    Evitement.

    C’est le détournement actif des pensées, objets ou situations qui sont chargés en conflits. Exemple : dans le milieu médical, éviter de passer devant la chambre d’un patient qui se meurt.

    Déplacement.

    C’est le fait que l’accent, l’intérêt, l’intensité d’une représentation est susceptible de se détacher d’elle pour passer à d’autres représentations originellement peu intenses, reliées à la première par une chaîne associative. L’exemple le plus connu est celui cité par Saint-Exupéry dans « le petit prince », avec les blés qui évoquent au renard la couleur des cheveux du petit prince et qui l’aident à supporter la perte liée à son départ.

    Surinvestissement dans le travail, épuisement, maladie 

    Détachement.

    C’est le retrait de l’investissement libidinal ou agressif de l’objet.


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  • –       Les stratégies collectives de défense ont pour objectif de défendre psychiquement le sujet contre une situation qui lui semble intolérable par la souffrance qu’elle engendre. 

    –        Ces conduites ne sont pas naturelles. Elles sont le résultat d’un travail collectif et sont stabilisées, contrôlées et entretenues collectivement. 

    –        Leur mise en place permet de stopper la progression de la pensée sur l’activité qui fait souffrir  

    La cohésion

    –        Les sujets adhèrent librement à ces stratégies et pour cela modifient leur identité (professionnelle) 

    –        Pour y parvenir, ils mobilisent leurs intelligences singulières et collectives. 

    –        Les stratégies collectives de défense, pour fonctionner, reposent sur une adhésion sans faille de tous les sujets du collectif, c’est aussi ce qui en fait un système fragile et contribue à la cohésion de ce collectif. La diversité n’a pas sa place dans ce système de représentations, d’exigences)  

    –      Il ne peut exister de position singulière. Le sujet qui n’y adhérerait pas se retrouverait marginalisé puis exclu car il créerait alors une brèche dans la stratégie collective de défense. Ce système s’organise dans le silence 

    Les défenses dites viriles 

    –   La virilité est considérée comme une valeur à caractère sexuel du genre mâle.

    « La virilité, c’est le caractère qui confère à l’identité mâle la capacité d’expression de la puissance (identifiée à l’exercice de la force, de l’agressivité, de la violence et de la domination sur autrui), soit contre les rivaux sexuels, soir contre les personnes malveillantes à l’égard du sujet ou de ses proches, auxquels, par sa virilité, il est censé assurer protection et sécurité » (Dejours, 1998)

    Culture fermée, figée

    –   Les représentations sociales de la virilité sont la force, le courage, la témérité, l’absence de peur. Se plaindre, être angoissé, être hésitant sont dénoncés comme des attitudes typiquement efféminées.

    –        Ces stratégies sont basées sur le déni collectif de la peur et du danger ce qui ne veut pas dire méconnaissance du danger.  

    –        Les conduites insolites et dangereuses :  

     Ces conduites ont pour fonction d’opposer un déni collectif du danger afin de chasser de la conscience cette perception du risque.

    –   On renverse le rapport au risque dans de « l’activité défi », bravade, vis à vis du risque. Lors de l’arrivée d’un « nouveau » travailleur, des épreuves de « bizutage » sont organisées qui permettent de voir s’il est digne d’être intégré dans le collectif  

    –   Cela peut aussi se révéler par le refus de mettre les équipements de protection individuelles ou collectives qui s’ils protègent effectivement, indiquent qu’il y a danger, ce qui ne peut être accepté dans le cadre du déni. 

    –   L’interdit absolu concernant la peur

    –   La valorisation des conduites témoignant du courage, de la force et de l’adresse.

    –   La valorisation des conduites indexées à un système de valeurs centré sur la virilité. Ce sont toutes les représentations culturelles entre le masculin et la peur ; « Un homme, ça n’a pas peur », « Celui qui a peur est une femme », etc. et qui sont basées sur des stéréotypes.

    –   Les conduites addictives

    Les défenses féminines

    –      Dans les milieux de travail féminins, les stratégies collectives de défense caractéristiques sont basées sur la reconnaissance du réel et non pas son déni. Cette reconnaissance passe par le récit du vécu du travail et l’autodérision, les défenses des hommes étant accompagnées, pour leur part, de la dérision du faible. La description typique des défenses propres aux femmes est faite par l’étude des infirmières : C’est un métier qui existe depuis 130 ans, inventé par les femmes et prescrit par les hommes. 

    –   Contrairement à ce que nous avons décrit pour les hommes, le métier d’infirmière ne peut être exercé qu’en conservant sa propre vulnérabilité et celle de l’autre afin de sentir ce dont l’autre a besoin, c’est la base de la compassion indispensable pour anticiper la souffrance de l’autre.

    –   Cette compassion se décrit comme une souffrance avec l’autre, et non pas une souffrance comme celle de l’autre. Les stratégies de défense collectives que l’on décrit dans cette profession passent par la mise en scène et la mise en intrigue de la vulnérabilité des professionnels au travers de récits qu’elles se racontent au sein du collectif. Ces récits sont allégés de leur dimension pathétique.

    –   Ainsi, c’est en parlant de leur vulnérabilité qu’elles l’élaborent, dans le cadre d’une tradition orale ne laissant pas de traces. Ces types de défense respectent le sens du travail. De nombreuses autres stratégies de défense ont été décrites dans les collectifs de femmes dont celles de « la plainte » et de la « bêtise ».


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