• Réel du travail

    Le réel résiste : nous n’avons pas forcément ce que nous souhaitons

    « Le travail ne consiste plus seulement à la bonne application d’un mode opératoire, mais consiste de plus en plus :
    à   à faire face à des aléas, des incidents, des dysfonctionnements
    à   et à faire preuve d’inventivité et d’ingéniosité… »
    (Savoirs et savoir-faire expérientiels, la METIS « intelligence rusée »)

    Passage du Savoir exécuter au Savoir-Agir en situation complexe
    (prescription ouverte qui ne spécifie pas tout…)

    Au sens général, l’activité de travail correspond à la mise en œuvre d’un ensemble de modalités et de processus (physiques, cognitifs, sociaux, organisationnels…) qui engendrent le comportement effectif (ANACT).

    La situation de travail implique :
    -  un opérateur (compétences, potentiels…)
    -  engagé dans une activité réelle (opératoire, cognitive et engageante d’un
       point de vue subjectif et psychique)
    -  pour réaliser une tâche attendue et prescrite (procédures, objectifs)
       au moyen de médiateurs et d’instruments
    -  dans un environnement donné (social, culturel, organisationnel)
    -  et dans des conditions ambiantes de travail données (physique, spatiale…)

    L’opérateur terme général pour désigner un homme/une femme -acteur de son travail qui choisit et traite l’information utile et prend des décisions (à différents niveaux de complexité)  -  GUILLEVIC

    L’individu n’est jamais inactif dans la mise en œuvre de don travail :
    -  il développe des capacités
    -  il fait preuve d’invention, d’ingéniosité
    -  il adapte constamment son comportement tant par rapport à des capacités (fatigue, usure…) qu’aux aléas de la situation (exigences, dysfonctionnements…)

    -à   Choix du foret adapté, affûtage des couteaux, filtrage des informations

           Gestion de l’attention, trouver le bon mot - la petite histoire, l’anecdote

    Tâche : ce que doit faire l’individu, ce que l’on attend de lui

    La tâche prescrite : Le travail prescrit renvoie à tout ce qui est défini par avance par l’entreprise (l’organisation du travail) et donné à l’opérateur pour définir, organiser, réaliser et régler son travail.

    Elle vise à orienter l’activité en définissant les buts, les conditions et contraintes de réalisation, les critères et valeurs à respecter…

    C’est donc en principe la tâche que doit réaliser l’opérateur (Leplat & Hoc).

    La tâche attendue (ou tâche à réaliser) : Le prescrit officiel peut être plus ou moins précis du fait que dans certaines activités (conception, service, santé…)
    on ne peut déterminer le travail par des consignes trop strictes et/ou restrictives.

    La formulation est alors lapidaire, générale voire superficielle, floue.

    Selon Y. CLOT, cette tâche attendue peut ne pas être conforme à la tâche prescrite, dans la mesure où tout n’est pas dicible ou avouable.
     Elle variera selon qu’elle est attendue par le prescripteur, le hiérarchique,
    un client.

    C’est donc à l’individu de « se débrouiller » avec les consignes générales pour définir la manière la plus adéquate pour réaliser ce qui est attendu.

    à  Secrétaire à qui il est demandé de « filtrer les appels » sans précisions…

    L’activité réelle : ce que l’individu fait réellement, ce qu’il fait en plus…

    C’est la réponse qu’il met effectivement en œuvre pour réaliser la tâche demandée dans une situation singulière. L’efficacité pas par « essayer, prendre la liberté de … »

    Il y a toujours réappropriation et/ou redéfinition de la tâche par rapport à ce que l’individu souhaite en faire et à ce que son environnement (socioprofessionnel, collectif, organisationnel) lui permet de faire.

    L’activité réalisée n’est que la réalisation d’une activité parmi d’autres possibles, à un moment donné, dans une situation donnée parmi la variabilité et la diversité des opérateurs (ressources, dispositions, aptitudes) et des situations professionnelles (moyens, contraintes, objectifs, aléas) en co-présence.

    Le réel de l’activité : ce qu’il ne peut pas faire, ce qu’il est empêché de faire

    Une autre dimension pour analyser, comprendre le travail est le réel de l’activité qui recouvre ce qui se fait tout en prenant en compte :

    -          ce qui ne se fait pas (CLOT),

    -          ce que l’on cherche à faire sans y parvenir (les échecs),

    -          ce que l’on aurait voulu ou pu faire (en l’imaginant ou l’anticipant sans pouvoir le mettre en œuvre effectivement),

    -          ce que l’on pense pouvoir faire ailleurs (dans une autre situation, avec d’autres moyens),

    -          ce que l’on fait sans avoir voulu le faire  (la bêtise, le truc réussi).

     

    CLOT parle d’activité empêchée dans laquelle le pouvoir d’agir de l’individu est contrarié, limité.

    Le réel du travail questionne « ce qui se révèle possible, impossible ou inattendu au contact des situations professionnelles ».

    Exemple de l’utilisation des « médiateurs et instruments de travail »:

    L’individu ne reste pas passif face à l’ensemble des machines, outils, ordinateurs, logiciels, systèmes de communication (Rabardel, Norman).

    Il peut les ajuster, les contourner, voire les détourner.

    Catachrèse: Expression du détournement (détourner un instrument de sa fonction originelle pour arriver à un résultat)

    (tournevis au lieu d’une clef d’armoire électrique – Ouvrières de ligne automatisée)


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